Conférence CF (1) Technique du CinemaScope



Le CinemaScope est souvent synonyme de grand spectacle historique, d’aventures exotiques, voire de kitsch, à l’image de son film initial : La Tunique d’Henry Koster.

En réalité, il s’agit du nom de marque déposé par la 20th Century-Fox exploitant commercialement, à partir de 1953, un procédé technique vieux de plus de 25 ans, tombé dans le domaine public et breveté par un français, le professeur Henri Chrétien. Il repose sur le phénomène de l’anamorphose (ou compression horizontale de l’image à la prise de vues, puis sa décompression en projection sur un écran de surface quasi-double). D’autres techniques concurrentes sont apparues, comme la VistaVision, le 70 mm, le Techniscope, mais elles ne rencontreront pas le succès du procédé anamorphique qui a généré toute une série de clones nationaux aux dénominations en –scope, avant d’être aujourd’hui concurrencé par le Super 35 mm qui permet de mieux gérer la question de la distribution multiformat actuelle (cinéma/vidéo).

Cette technique singulière, qui représente entre 15 et 25 % de la production de films, visait, dans l’économie du cinéma américain, à démarquer les produits cinématographiques concurrencés par le développement massif du loisir télévisuel. Mais il correspond finalement à un engouement mondial pour une nouvelle façon de filmer le monde : en large, en couleurs et parfois en stéréophonie, tout en limitant apparemment le montage ou les mouvements de caméra. Il correspond parfaitement au traitement de paysages extérieurs, de sujets naturellement panoramiques : c’est un format de l’excès. Mais il contamine aussi d’autres genres et la Nouvelle Vague en démocratise l’emploi dans le drame psychologique contemporain. A côté des Angélique et des Gendarme du cinéma français à succès des années 1960, il séduit autant le cinéma d’auteur que les nanars ou les nouveaux films de genre. S’il n’est plus autant vanté commercialement aujourd’hui, il n’a pourtant pas disparu et apparaît davantage comme un indice de référence à la tradition du cinéma, voire, dans notre monde envahi d’images, comme le symbole du « look » visuel propre au cinéma.




























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